terça-feira, 17 de janeiro de 2012

1010- Alain Badiou

Alain Badiou, maoïste médiatique


Retour sur le parcours d'Alain Badiou, vedette de l'espace médiatique et intellectuel.


Alain Badiou (Sipa/Baltel)
Alain Badiou (Sipa/Baltel)
Il était encore mardi soir sur France 3, invité de Frédéric Taddéï à "Ce soir où jamais". Depuis quelques années, Alain Badiou, ancien professeur à l'Ecole normale supérieure, est devenu une des principales figures de la gauche radicale. Son itinéraire scolaire et universitaire ressemble jusqu'à la caricature aux publications de Pierre Bourdieu : la Reproduction et la Noblesse d'État. Ce normalien est lui-même fils d'un normalien professeur de mathématiques et maire socialiste de Toulouse à la Libération.
Alain Badiou, après un passage par le socialisme, rejoint les groupuscules maoïstes dont il devient et reste animateurs en vue. Son audience reste longtemps limitée au petit cénacle des philosophes gravitant de l'Université de Vincennes dans les années 1970 à la rue d'Ulm dans les années 1990 –où il dirige le centre international de philosophie– et au micro-milieu militant.
Cependant, il possède quelque pouvoir dans le monde de l'édition en dirigeant une collection philosophique aux éditions du Seuil, puis chez Fayard, lui permettant d'offrir des débouchés à certains de ses épigones.

La philosophie à des fins politiques

Mais c'est à partir de 2007 qu'il acquiert une véritable notoriété avec la publication de "De quoi Sarkozy est-il le nom ?". L'ouvrage, s'il comporte une partie critique sur le président de la République, est surtout une réflexion sur le communisme, poursuivie depuis, comme dans un monologue, par ces derniers ouvrages : "L'Hypothèse communiste", "Le Réveil de l'histoire" (éditions Lignes) et dernièrement "La République de Platon" (éditions Fayard). Badiou reprend un classique de la propagande : répéter à satiété une idée jusqu'à ce qu'elle finisse par prendre. Du même coup, Badiou, relativement marginal et marginalisé, devient une vedette de l'espace médiatique et intellectuel. La majorité des médias ouvrent leur colonne à ses propos et nombre d'intellectuels se sentent obligés de débattre ou de lui répondre.
Certains anciens proches de Badiou rompent avec ce qu'ils appellent désormais une secte (1). Des philosophes montrent comment il utilise la philosophie à des fins politiques et non selon les principes élémentaires que doit respecter un philosophe (2). La théorie de Badiou sur le communisme est relativement simple : elle s'appuie sur un raisonnement d'une logique mathématique. Son hypothèse: les échecs du communisme ne réfutent en rien le communisme. L'idée communiste demeure juste, au sens mathématique du terme. Les expériences historiques ne sont que des tests. Les erreurs et les crimes n'invalident pas la théorie. L'hypothèse communiste doit un jour s'avérer vraie et prendre forme. Cette explication est répétée cycliquement dans l'ensemble des ouvrages publiés.

Un soutien gêné 

En dehors de quelques anciens militants des groupes maoïstes et de ses étudiants en philosophie, peu de militants dans la gauche radicale se réclament de l'intégralité de la pensée de Badiou. Ils semblent gênés par sa posture, qui assume et revendique l'héritage de Mao. En effet, Badiou continue de soutenir "la justesse politique" des mouvements Khmers rouges tout comme la ligne politique définie par Mao (3). Procédant par omission, la gauche radicale préfère publier des interviews lui demandant d'expliquer sa pensée (legrandsoir.info ). Les analyses critiques portent sur la définition et le rôle du stalinisme, et surtout sur l'abandon de la notion de parti (npa2009.org,regards.fr  et contretemps.eu ) reprenant le schéma de la révolution culturelle. Badiou fait reposer ses espoirs révolutionnaires sur la notion de mouvements sociaux organisés par une minorité éclairée. Globalement, la gauche radicale finit par soutenir Badiou, puisqu'il est attaqué par des ennemis communs. Enfin, elle reste d'accord sur le terme et la finalité du communisme (monde-diplomatique.fr ou politis.fr  ou npa2009.org )
Sylvain Boulouque, historien, décrypteur de la gauche radicale pour "Le Nouvel Observateur"
(1) Mehdi Belhaj Kacem, "Après Badiou", Paris Grasset, 2011.
(2) François Laruelle, "Antibadiou. Sur l'introduction du maoïsme en philosophie", Paris, Kimé, 2011.
(3) Badiou a rédigé en le 17 janvier 1979 dans "Le Monde" un article faisant l'apologie du communisme des khmers rouges "Kampuchéa vaincra". On trouvera sur le site maoïste pro-polpotienl'intégralité du texte  de Badiou ainsi que les reportages de militants français soutenant le Kampuchéa démocratique.
Par la suite, il justifie la politique de la terreur comme "une condition de la liberté" dans Alain Badiou et Slavo Zizek, "Mao. De la pratique et de la contradiction" (La Fabrique, 2009). Le même raisonnement est exposé dans "La Philosophie et l'événement" (Paris, Germina, 2010, p. 30-32).

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